L'Ariège

D'un côté, elle regarde vers l'Océan puissant et tumultueux, de l'autre, vers cette mer latine aux ardeurs plus concentrées. Du nord verdoyant elle reçoit les frais effluves et elle est baignée par les vagues venues du sud éthéré et lumineux.

C'est ainsi que l'Ariège a réalisé sa rare personnalité, faite d'une synthèse de contrastes; c'est ainsi que l'Ariège a donné à chacun de ses enfants une âme adaptée à tous les climats, physiques ou moraux, une âme harmonisée avec toutes les conditions de la vie matérielle, spirituelle, sociale et même politique.

Mais il y a bien d'autres caractéristiques de l'âme ariégeoise et Napoléon lui-même l'avait indiqué, un jour, en disant que l'Ariège "produisait des hommes et du fer". Seulement, il nous a fait par là une réputation ambigüe; car, souvent, on a mis l'accent sur je ne sais quelle rudesse de nos manières et quelle incommodité de notre humeur. Sans doute, nous ne connaissons pas "la douceur angevine" et l'Ariège et la Salat coulent avec un peu plus d'impétuosité que le Loire gaulois, cher à Du Bellay, poète des hauteurs modérées. Sans doute, sur les pentes de nos montagnes et de nos collines, nos pâtres poussent d'une houlette moins élégante des brebis un peu moins blanches moins enrubannées que celles dont Mme Deshoulières menait paître le troupeau sur "les prés fleuris qu'arrose la Seine". Et si l'on peut soutenir que la subtilité de l'air que respirent les Parisiens explique la finesse de leur esprit, on peut dire, au contraire, que l'air respiré sur les hauteurs du port d'Orle au col du Chioula est un air un peu plus rustique, un peu plus mobile, un peu plus chargé d'électricité.

Pourtant, ce n'est pas à dire que les Ariégeois ne marchent pas avec la civilisation. Ils ont fait beaucoup de chemin depuis ces ancêtres dont parle avec tant de lyrisme I.Sandy, depuis ces hommes qui, "de leur doigt herculéen, ont dessiné le profil fabuleux" de leurs redoutables ennemis sur les parois des grottes du Mas-d'Azil, de Bédeillac et du tuc d'Audoubert.

A vrai dire, cette puissante hérédité explique simplement que "la plante homme" pousse en Ariège plus vigoureuse qu'ailleurs et elle a engendrée dans nos âmes, non pas de la rudesse, mais la fermeté et la fierté: Tocos-i se gausos, et, en même temps, la fidélité et la constance: Qui m'a féit me gardo.

Au demeurant, il n'est pas d'âpreté qui ne s'adoucisse chez nous au contact de la vie, comme ces neiges de printemps qui fondent aux premiers rayons de soleil et nos pics ariégeois ne connaissent pas les neiges éternelles, ou les connaissaient juste assez pour montrer qu'eux aussi montent très haut dans l'azur et s'approchent des étoiles, symbolisant ainsi l'idéalisme de l'Ariège, tenace et vigoureux.

O.AURIAC
Extrait du discours prononcé à la Réunion annuelle des Ariégeois de Paris

  Ce site vous a plu ?... Alors n'hésitez pas, ajoutez *Ma collection de cartes postales* dans vos favoris.

Plan du site

         Mise en page © 2008 Elephorm et Alsacréations - © 2007, C6 Software, Inc. - © 2008-2024, japy-collection

   Les informations sont communiquées, mises à jours et corrigées par l'administrateur du site lui-même. Ne pouvant garantir l'exhaustivité ni l'exactitude de tout le contenu, il ne peut en aucun cas être responsable des conséquences directes ou indirectes liées à leur publication ainsi qu'à leurs utilisations. Merci toutefois de lui signaler toute erreur ou toute omission importante.
   Toute personne, morale ou physique, figurant ou citée sur une page de ce site, peut exercer ses droits d'accès, de modification, de rectification ou de suppression des informations la concernant en me contactant par email.
   Ce site, d'accès totalement libre et gratuit, ne bénéficie d'aucune subvention.