Poètes ou moralistes, esthètes ou simples touristes sont unanimes à déplorer la disparition des vieux costumes, des coutumes, des fêtes traditionnelles, de toutes les manifestations d'un art du terroir qui nous est d'autant plus cher que nous le sentons plus menacé, vacillant sous le souffle de la civilisation moderne comme la dernière lueur d'un passé flamboyant qui s'éteint et qui meurt…

   Devant le danger imminent, il semble que notre génération ait eu comme un sursaut et qu'au moment où tant de beauté allait s'ensevelir dans l'oubli elle ait compris le devoir de toute civilisation qui est de saisir le flambeau des mains de celle qui le précède pour le passer à celle qui la suit.

   Biarritz, Bayonne, St-Jean-de-Luz, St-Jean-Pied-de-Port, de simples bourgades comme Itxassou ou Tardets, etc…, ont maintenu les fêtes traditionnelles basques. Pau a fait d'une fête régionaliste "La Nouste Heste" (Notre Fête), le clou de sa saison hivernale. La Bigorre, au château fort de Lourdes d'où est parti ce mouvement de rénovation, à Argeles, à Luz-Saint-Sauveur, à Cauterets, à Esquièze, a fait littéralement revivre un passé qui peu à peu s'oubliait; dans tel village où depuis trente ans le dernier costume avait disparu, plus de cent-vingt jeunes filles l'ont repris pour les fêtes de la tradition. Luchon voit sur les allées d'Etigny défiler les félibres, Foix, dans des fêtes inoubliables, réunit sur les allées de Villotte ses Bethmalais et ses Massatois. Auch, où bat le coeur de la Gascogne, résonne des accents du vieux "tountoun"….

   Toulouse enfin, la Cité Rose, réunissant tous ses efforts, donne en juin 1924 ses fêtes du Costumes pyrénéen. Sept cents exécutants venus de l'Atlantique à la Méditerranée y prennent part, cinquante mille spectateurs y assistent et quand, à la fin de l'après-midi, retentit "Aqueros Mountagnos", toutes la foule se lève, se découvre et reprend le refrain du vieil air de nos montagnes.

   C'est le Réveil… le réveil des traditions, des coutumes, de tout se pittoresque d'autrefois qui allait disparaitre. Désormais les voyageurs venus aux Pyrénées pourront y voir, en de certaines circonstances (car le port journalier des costumes anciens est une chimère que nous n'avons jamais poursuivie) et en plus de paysages inoubliables et de monuments grandioses, tout ce qui complète le charme d'un pays, ses coutumes, ses danses, son théâtre, tout ce legs précieux d'un passé aujourd'hui soigneusement recueilli et pieusement conservé.